Article
Pourquoi la transition agroécologique est une urgence pour notre sécurité alimentaire : Retour sur une expérience de sensibilisation communautaire dans le Nord-Bénin
La transition agroécologique, en tant que démarche de transformation des systèmes agricoles vers des pratiques plus durables, apparaît aujourd’hui comme un impératif face aux crises alimentaires récurrentes, à la dégradation des sols, au changement climatique et à l’érosion de la biodiversité. Dans un contexte marqué par la vulnérabilité des systèmes de production ruraux, la sensibilisation des communautés locales constitue un levier fondamental pour enclencher des dynamiques de changement, portées par les acteurs eux-mêmes. C’est dans cette optique que l’ONG HS-FOOD, engagée pour une agriculture durable et résiliente, a conduit en 2022 une activité de sensibilisation sur la transition agroécologique dans la commune de Tchaourou dans le nord Nord-Bénin. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie d’HS-FOOD visant à valoriser les ressources locales et à promouvoir des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, tout en garantissant la sécurité alimentaire des populations rurales. La campagne de sensibilisation a permis d’ouvrir un dialogue direct avec les producteurs et les membres de la communauté sur les enjeux liés à la dépendance aux intrants chimiques, à l’appauvrissement des sols et aux risques accrus de pertes agricoles en contexte de variabilité climatique. À travers des ateliers participatifs, des démonstrations de compostage, des échanges sur les savoirs endogènes et des projections de documentaires pédagogiques, les participants ont pu mieux comprendre le lien entre pratiques agricoles et souveraineté alimentaire locale. Plusieurs thématiques ont été abordées : (i) l’importance de restaurer la fertilité des sols par des techniques naturelles (engrais organiques, rotations culturales, agroforesterie), (ii) la résilience des cultures locales face aux aléas climatiques, (iii) l’autonomie semencière et l’intérêt des variétés paysannes, (iv) et l’économie de ressources par l’intégration agriculture-élevage. L’approche a été fondée sur l’écoute, la co-construction et la valorisation des savoir-faire paysans. À l’issue de la sensibilisation, les communautés ont exprimé une forte volonté de s’engager dans des pratiques agricoles plus durables. Cette expérience a mis en évidence qu’au-delà des messages techniques, c’est la conscientisation des producteurs sur les enjeux globaux liés à l’agriculture que se déclenche le changement. La transition agroécologique ne se décrète pas ; elle se construit progressivement, à partir des réalités locales, des ressources disponibles et de la mobilisation collective.